L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a choisi d’interdire le HHC (et deux de ses dérivés) à partir de ce mardi 13 juin.
De nombreux sites proposaient du HHC à la vente. Cette molécule dérivée du THC a également fait couler beaucoup d’encre. Je vous propose dans cet article de détailler l’avis d’hemēka® sur cette molécule, et les raisons derrière notre refus d’en commercialiser.
Les origines du HHC
L’Hexahydrocannabinol est un cannabinoïde dérivé du THC. Il est obtenu par synthèse chimique (ajout de deux atomes d'hydrogène, ou hydrogénation du THC) : le HHC n’existe que sous formes de traces à l’état naturel. Il aurait un effet psychotrope moins marqué que le THC.
Il faut comprendre que c’est une molécule d’utilisation très récente dans la population générale même si elle est connue des scientifiques depuis 1947. Cela pose certaines questions du point de vue de sa légalité (point mis à jour par l’ANSM tout récemment) mais également du point de vue des effets que le HHC a sur nous.
En effet, deux atomes d'hydrogène, cela peut paraître peu comme différence avec son cousin plus connu qu’est le THC, mais cela peut changer beaucoup de choses (diffusion dans l’organisme, affinités avec certains récepteurs…). Hors, très peu d’études se sont penché sur le HHC.
Le “flou juridique”, opportunité ou excuse ?
En 2018, lorsque le CBD a bénéficié de la jurisprudence de l’affaire Kanavape, il existait encore beaucoup d'incertitudes concernant l’avenir du CBD.
Il était cependant de notoriété publique que le cannabidiol n’était pas psychotrope et ne représentait pas de danger pour la santé humaine.
Par ailleurs, un médicament à base de CBD (sans THC) offrait certaines données scientifiques précieuses quant à son potentiel. Le questionnement relevait plutôt d’une adaptation de la loi (culture, réglementation, dosages, etc…).
Pour le HHC, cette excuse n’est pas valable : c’est un dérivé (très) proche du THC, molécule elle-même interdite. Il faut donc modifier une molécule interdite pour obtenir un dérivé aux propriétés psychotropes.
En tant que professionnel, il n’est donc pas possible de laisser planer le doute sur ses propriétés si on est consciencieux. Ce “flou” est très pratique pour vendre, beaucoup moins pour renseigner les personnes qui achètent.
Le HHC : molécule à l’opposé des valeurs hemēka®
Au-delà de ce que dit la loi, il revient à un professionnel responsable de se projeter vers l’utilisation des clients et les conséquences de consommation du produit vendu.
Les propriétés psychotropes du HHC sont déjà un sujet qui pourrait suffire à refuser la vente (impact sur la conduite, le développement cérébral des moins de 25 ans…).
Par ailleurs, le HHC est obtenu par synthèse chimique, cela va à l'opposé de nos valeurs :
- Utilisations d’ingrédients le plus naturels possibles
- Choix d’ingrédients français avant tout. Détenir du THC étant déjà limité à un cercle très restreint en France, le HHC inondant certains commerces n’est pas produit dans l’hexagone. La traçabilité est faible, le bilan carbone… questionnable.
- Objectif bien être des produits. L’utilisation du HHC est purement récréative, car si vous souhaitez un effet thérapeutique, le THC existe déjà (encadré correctement par des professionnels de santé). Le HHC bénéficie de l’aura du THC sans bénéficier des mêmes connaissances scientifiques concernant ses effets.
Positionnement hemēka® : produits bien-être, français et naturels
La filière CBD est relativement récente et nous tentons de la mettre en lumière, surtout son versant local.
La filière HHC est encore plus récente, mais ne se fonde pas sur les mêmes valeurs.
Elle ne soutient pas les chanvriers français car elle ne repose pas sur la culture de la plante. Elle est plutôt opportuniste (exploitation du flou juridique cité plus haut) et les données de sécurité d’usage sont inexistantes.
Ce n’est pas notre volonté de privilégier un produit étranger qui aurait certes pu nous rapporter beaucoup, mais en nous parjurant vis-à-vis de nos valeurs.
Tout comme j’insiste déjà sur le fait que le CBD n’est pas une baguette magique, il faut rester critique vis-à-vis des nouveautés qui promettent beaucoup sans preuve à l’appui.
Les seuls documents à peu près fiables circulant sur le HHC sont affinité pour les récepteurs CB1. Ils sont rarement comparés directement au THC et au CBD.
Quand ce rapprochement est fait, l’argument choc est que le HHC est 100 fois plus puissant que le CBD concernant l’activation des récepteurs CB1.
Hors, le CBD ne les active pas. 100 fois zéro égale zéro. Il vaut mieux comparer le HHC au THC. C’est là que le bas blesse.
Une molécule moins puissante que le THC naturel
La première comparaison entre le HHC et le THC nous a honnêtement laissé très perplexe.
C’est une molécule modifiée par synthèse, moins puissante que son homologue naturel.
Quel est donc son intérêt pour le consommateur ? Si une personne souhaite réellement profiter des effets thérapeutiques du THC, à quoi cela sert-il de prendre une molécule moins puissante ? Autant consommer ce que la plante produit déjà.
Nous soutenons donc l’interdiction du HHC afin de protéger les consommateurs.
C’est également primordial afin d’assurer le sérieux de la filière chanvre : ne doivent être proposés à la vente que des produits dont les effets sont réellement connus et compris.
Sources :
- Classement du HHC et de ses dérivés comme stupéfiant (ANSM)
